vendredi 6 mars 2009

LA COSMETIQUE BIO SELON "ENVOYE SPECIAL"


Hier, vous vous en doutez, j’ai regardé Envoyé Spécial : « Les cosmétiques Bio : le bonheur est-il dans le pot? ». Et pour une fois, j’ai trouvé cette enquête bien faite et plutôt en adéquation avec la réalité.

Bien sûr, le développement des produits Bio (+35% par an depuis 4 ans) est une excellente nouvelle pour la planète. Mais pour des raisons techniques, économiques et marketing, tout n’est pas encore totalement rose dans ce monde de la beauté verte. Et le reportage de France 2 l’a bien montré.

Petit résumé critique pour ceux qui auraient raté l’enquête :
  • Oui, jusque fin 2008, les parabènes et le phenoxyethanol étaient bien autorisés par l’organisme de certification Ecocert, à condition qu’ils ne soient pas ajoutés par le fabricant dans la formule, mais apportés par les matières premières. Cette dérogation avait été mise en place au moment de la création du label car il y a quelques années, quasiment tous les ingrédients étaient protégés avec ces conservateurs. Il fallait donc accorder un peu de temps aux fournisseurs pour trouver une solution alternative, ce qui n’a pas été une mince affaire, croyez-moi ! A noter, donc : le temps d’écouler les stocks fabriqués jusqu’en décembre dernier, vous risquez encore de tomber sur des parabènes dans vos cosmétiques Bio, sans que ce soit forcément indiqué sur l’étiquetage.
  • Non, il n’est pas facile de substituer ces conservateurs si décriés. Les candidats à leur remplacement sont moins efficaces et pas forcément très bons pour la peau : alcool (desséchant, irritant), acides sorbique et benzoïque (efficaces à ph… acide), huiles essentielles (parfois allergisantes), extraits végétaux suspectés d’être libérateurs de formol hautement toxique (lonicera japonica)… Et lorsqu’on se passe de conservateur, les crèmes deviennent de véritables bouillons de culture : eh oui, les bactéries sont très friandes de ces eaux florales et de ces extraits de plantes ultra-nutritifs ! Aujourd’hui, la solution la plus saine et la plus simple pour conserver efficacement les produits Bio est le conditionnement en flacon airless. Mais c’est malheureusement assez compliqué à mettre en œuvre, surtout pour les petites marques.
  • Non, les produits naturels ne sont pas plus doux pour la peau que les produits conventionnels. N’oublions pas que les poisons les plus dangereux ont été enfantés par la nature (curare, toxine botulique, venins…). Les huiles essentielles ont des propriétés extraordinaires, mais mal dosées, peuvent être ultra-irritantes et allergisantes ; elles traversent la peau et on les retrouve même dans les urines. Les compositions des extraits végétaux diffèrent légèrement en fonction des années et des lieux de récoltes et il est donc difficile de garantir une même qualité d’un lot à l’autre. D’ailleurs, les produits pour peaux atopiques et sensibles sont composés en grande partie d’ingrédients de synthèse dont on maîtrise parfaitement l’innocuité.
  • Oui, il faut bien faire attention aux étiquetages pour déceler les méchants Bio-opportunistes. « A l’extrait de lavande Bio » ne signifie pas que le produit est Bio ou naturel, cela peut tout à fait être un produit majoritairement synthétique avec 0,5% d’extrait Bio. « Sans parabène ajouté » signifie qu’il peut y en avoir à l’état de traces, apportés par les matières premières qui composent la crème. Vos meilleurs alliés pour s’y retrouver : les labels (Ecocert, BDIH, Soil Association…).
En tous cas, ne sous-estimons pas la portée de cette enquête. Et tant mieux ! Rappelez-vous le reportage d’Envoyé Spécial sur les composants de synthèse dans les cosmétiques en 2005, « Les cosmétiques en question ». Yves Rocher y avait été notamment montré du doigt pour le gouffre entre son discours marketing (du végétal, du naturel, les jolies fleurs et les petits oiseaux) et la réalité (du synthétique et quelques grammes de naturel). Cette polémique avait déclenché un véritable branle-bas de combat au sein du groupe et son dirigeant en personne (M. Rocher fils) avait créé quelques mois après un nouveau service dont le but était justement de faire évoluer les produits de la marque vers une réalité plus verte. Résultat : il y a quelques mois sortait la première vraie gamme Bio de Yves Rocher. Et j’imagine, enfin j’espère, que leurs autres produits commencent, progressivement, à être un peu plus en phase avec leur positionnement marketing...

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1 commentaire:

  1. Ce reportage m'aura appris une chose, c'est que même dans le Bio, il faut bien lire les étiquettes (encore faut-il les comprendre??? c'est pas toujours évident). Je savais bien qu'il y avait des marques opportunistes car c'est LE marché de l'avenir et il attire tous les requins du monde économique, mais de là à mettre des conservateurs sans le préciser sur l'étiquettage, je trouve ça moyen moyen...

    Mais ça ne m'empêchera pas de continuer à utiliser des marques sérieuses, comme Sanoflore, Melvita et la dernière que j'ai découverte et que je vous conseille : Couleur Caramel (maquillage). Ne faisons pas l'amalgame !

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